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EDITO JANVIER 2021
La Laïcité : un principe au service d’une République démocratique !
Le 16 octobre dernier, Samuel Paty, suivant les pas de ses prédécesseurs, ces Hussards de la République ne possédant pour seules armes que livres et crayons, initiait ses élèves à l'esprit critique, leur faisait prendre conscience de l’importance de nos libertés fondamentales dont la liberté d’expression. Il sensibilisait ces jeunes aux vertus d’une laïcité qui libère, qui répond à la déraison par la raison.
Il a été assassiné, victime de l’ignorance et du fanatisme de ces fascismes religieux qui n’ont pour sombre dessein que de décapiter notre démocratie.
S’attaquer à l’école, c’est s’attaquer à la République mais aussi aux missions de l’institution. Enseigner, c’est élever vers plus d’humanité, c’est construire un équilibre structurant entre émotion et raison, c’est instituer une compréhension du monde, de la place que le citoyen y occupe et du rôle qu’il veut y jouer.
Au lendemain d’une telle barbarie et de celles qui ont suivi, la question qui hante tous les esprits est de savoir quelles actions mener pour vaincre cette idéologie fascisante portée par ces misérables humains au nom d’une religion qu’ils travestissent et déshonorent, ces « fous de dieu » qui veulent anéantir nos valeurs républicaines, notamment le principe de la Laïcité, et s’attaquent à nos modes de vie.
A des dysfonctionnements non avoués, à ces erreurs des politiques et de quelques fonctionnaires, à tous ces renoncements qui ont provoqué 269 victimes ces 10 dernières années et à l’horreur de ce 16 octobre, à ces « pas de vague » doivent succéder maintenant les « pas de concession » ! (1)
Dans notre république, on ne négocie pas la liberté d’expression ni la laïcité acquises au prix de longs et difficiles combats contre les conservatismes religieux. On se doit de se montrer intransigeant contre les pressions religieuses tout comme nous devons l’être contre toute stigmatisation de nos compatriotes de confession musulmane vivant leur foi dans le respect des lois républicaines.
Un cadre laïque a été construit permettant aux croyants et aux athées de vivre en harmonie ; un cadre laïque dans lequel l’Islam peut trouver sa place aux côtés des autres religions.
Certes le repli identitaire et la progression du radicalisme religieux sont inquiétants et les événements tragiques du 16 octobre en sont la tragique illustration. Ce séparatisme religieux concerne l’ensemble des territoires, toutes les religions, et tous les sujets, de l’égalité femmes/hommes jusqu’à la remise en cause de nos valeurs et principes. Il doit être combattu avec la plus grande fermeté, sans aucune complaisance et en affirmant que, dans le pays des Lumières, les lois de la République, expression de la souveraineté du peuple, sont et resteront toujours supérieures à celles des religions !
Mais il existe également un séparatisme que l’on ne peut occulter : il s’agit du séparatisme social. Celui-ci reste subi par une frange importante de populations économiquement défavorisées concentrées dans certains territoires, dits « oubliés » de la République généralement en périphérie des agglomérations. Un séparatisme souvent favorisé par un certain clientélisme social.
L’insuffisante mixité sociale crée des replis communautaires. L’écart entre les classes sociales se creuse et la société doit faire face à une jeunesse qui ne fréquente ni les mêmes écoles, ni les mêmes quartiers, ni les mêmes lieux associatifs ou culturels.
Ce séparatisme social nuit à la cohésion sociale.
Dès lors que ce qu’il est convenu de nommer le « vivre ensemble » et la fraternité républicaine symbolisent, aux yeux de bon nombre de citoyens, davantage une incantation qu’une réalité- voire un véritable leurre -, l’attirance et le désir vers une autre fraternité, celle d’un groupe social, religieux ou autre, devient inévitable.
C’est cette défiance et ce doute, c’est la détresse des plus faibles ou la déshérence sociale que les vendeurs d’illusions, les radicaux religieux et les populistes utilisent pour remettre en cause l’édifice républicain.
Ce n’est pas la diversité culturelle qui menace l’unité de la société mais plutôt les inégalités sociales. Le combat social est indissociable du combat laïque ! Souvenons-nous des paroles de Jean Jaurès en 1904 affirmant « La République restera laïque si elle sait rester sociale ».
Aujourd’hui, il revient à la puissance publique non seulement de faire appliquer les lois existantes dans le domaine de la préservation de nos principes républicains en instaurant des dispositifs répondant à ces défis sans pour autant porter atteinte à nos libertés fondamentales.
Le projet de loi confortant le respect des principes de la République, actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale soulève de légitimes inquiétudes ; et notamment l’instauration d’un Contrat d’engagement pour les associations recevant des subventions. L’arsenal législatif en vigueur (agréments, reconnaissances, conventions...) permet déjà le contrôle de leur identité et de leurs activités auquel s’ajoute la Charte d’engagements réciproques avec l’État ou les collectivités qui prévoit le respect des principes républicains auxquels s’engage toute association. Nul besoin donc d’instaurer une méfiance généralisée à leur égard au moment où chacun se félicite de leur rôle et de leur soutien face à la pandémie.
Aujourd’hui, plus que jamais, le rôle des mouvements d’Éducation populaire est celui de promouvoir la Laïcité. Fortes de leur histoire et combat communs au côté de l’école publique et laïque, la Ligue de l’enseignement et la FCPE ont à cœur de défendre et de mieux faire connaître ce principe fondamental de notre République, de lever les idées fausses et de préciser la manière dont l’école républicaine fait vivre la Laïcité. A cet effet, la Ligue et la FCPE ont élaboré un livret : « La laïcité à l’usage des parents » destiné à une large diffusion .
Les enseignants durant la semaine de la date anniversaire de la loi de 1905, ont également, malgré les contraintes sanitaires, poursuivi les mêmes objectifs en développant des actions innovantes et intéressantes telles que celles de l’USEP des Landes décrites dans ce journal.
Le CDAL (Comité Départemental d’Action Laïque) réunissant 5 organisations (DDEN, FCPE, UNSA éducation, SE UNSA et la Ligue de l’enseignement) a cette année encore apporté sa pierre à l’édifice le 9 décembre 2020 à l’école primaire de St Sever en plantant un « arbre de la Laïcité » à la suite d’échanges riches et porteurs d’espoir avec les élèves de CM2 autour des valeurs portées par la « Charte de la Laïcité ».
Ces initiatives doivent se décliner et se multiplier. Notre mouvement d’Education Populaire s’engage à favoriser le combat des idées afin qu’en tous lieux les valeurs héritées des Lumières l’emportent sur l’ignorance, la haine et l’obscurantisme.
Ensemble, nous devons promouvoir l’universalisme républicain !
Belle année laïque et militante !
Arlette TAPIAU-DANGLA, Présidente de la Ligue de l’enseignement des Landes
1- Etude de la Fondation Jean Jaurès « Les enseignants de France face aux contestations de la laïcité et au séparatisme » Enquête dirigée par Iannis Roder, directeur de l'Observatoire de l’éducation à la Fondation Jean Jaurès https://jean-jaures.org/nos-productions/les-enseignants-de-france-face-aux-contestations-de-la-laicite-et-au-separatisme