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Edito Décembre 2023 - Faire Humanité
Notre monde est placé aujourd’hui devant d’immenses défis politiques, démocratiques, sociaux et écologiques.
Chacun de nous est face à lui-même et aux autres. Ces derniers mois de 2023 ne suscitent guère un climat d’allégresse et de félicité.
Les tensions internationales sont extrêmes, les conflits armés se multiplient, la violence redouble entre certains états s’engageant dans une guerre aux connotations religieuses. Et nous faisons le triste constat que ce conflit est exporté sur notre territoire. Il est essentiel que les membres de la société civile et les mouvements d’éducation populaire se mobilisent, d’un point de vue laïque, pour mettre en lumière les connaissances nécessaires à la construction de la paix.
Cette situation internationale délicate s’accompagne au niveau européen d’une montée des mouvements d’extrême droite. Dans certains états européens, des droits et libertés sont progressivement remis en cause (IVG, droits LGBT+ et autres). Les libertés associatives ne sont pas exclues de ce champs d’action avec l’application en France de restrictions inquiétantes à la liberté d’expression au travers le Contrat d’Engagement Républicain.
La Ligue de l’Enseignement elle-même est la cible du Rassemblement National qui, par l’amendement n°II-AC19 au projet de loi de finances 2024, propose de réduire les subventions qui lui sont octroyées ainsi qu’à deux autres associations d’éducation populaire. La Ligue de l’enseignement, attaquée pour sa promotion de la défense de la Laïcité s’inquiète qu’un groupe parlementaire s’affichant républicain cherche à disqualifier comme « propagande » ce qui relève simplement du débat public. (Courrier adressé aux députés par la Ligue du 26 octobre)
Conformément à l’engagement pris lors du Congrès de Metz visant à lutter contre les idées de l’extrême droite, des associations, dont la Ligue du Jura, ont décidé, il y a quelques semaines de créer le collectif « Fraternité et Vigilance » pour mettre en commun leurs réflexions, expériences et énergies afin de lancer un même cri d’alarme et de proposer des actions face aux dangers qui menacent les valeurs humanistes.
En outre, dans ce climat complexe, l’étude du projet de loi adopté en première lecture par le Sénat « Pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » a donné lieu à certaines propositions (suppression de l’aide médicale d’État (AME), exclusion au droit à l’hébergement d’urgence, etc...) qui interrogent et préoccupent les mouvement d’Éducation populaire, associations et collectifs qui appellent à un sursaut général des forces citoyennes pour la défense de l’État de droit et de la dignité humaine. (Communiqué presse du 14 novembre 2023).
Et, parallèlement à ces sujets sociétaux, la Ligue de l’enseignement continue inlassablement à mener avec ses partenaires du CNAL (Comité National d’Action Laïque), le combat pour une école publique, laïque et gratuite.
L’école publique est indissociable de l’idéal républicain. C’est elle qui le fait vivre au quotidien et qui donne corps à la République laïque et sociale que Jean Jaurès appelait de ses vœux.
Hélas, notre école publique est aujourd’hui la cible de tous les maux qui frappent notre société. Nos professeurs sont sauvagement attaqués par des terroristes islamistes, coupables aux yeux de ces esprits étriqués d’apprendre à nos enfants à devenir des citoyennes et des citoyens émancipés, épris de liberté.
Notre école républicaine subit également la concurrence d’une école privée qui ne cache plus ses velléités de séparatisme scolaire.
Jean Paul Delahaye lors de ses interventions en novembre dernier, nous démontrait que notre système éducatif est l’un de ceux, parmi les pays de l’OCDE, où la réussite scolaire d’un enfant dépend le plus de son origine sociale ; attestant que « les enfants de riches se rendent dans les écoles de riches quand les enfants de pauvres vont dans des écoles de pauvres ». La mixité sociale n’est pas respectée par les établissements privés sous contrat dont le budget est pourtant financé à hauteur de 73 % par l’Etat et les collectivités territoriales. Or par principe, l’argent public ne peut être distribué sans contrepartie et il conviendrait de conditionner les subventions accordées aux établissements privés à des critères de mixité sociale. C’est le sujet de la proposition de loi du député Pierre Ouzoulias, aujourd’hui signée par plus d’une dizaine de sénateurs, et soutenue par la Ligue de l’enseignement et le CNAL.
Ces derniers mois, la Ligue de l’enseignement des Landes, salariés et administrateurs réunis, travaillent sur le nouveau projet fédéral qui définira les missions et les actions à mettre en œuvre pour les 5 années à venir. Aux regards du contexte politique et environnemental actuel et des enjeux sociétaux, imaginer la Ligue de 2030 constitue à la fois un objectif captivant et un défi enthousiasmant !
La Ligue depuis bien des années mène ses réflexions sur le « vivre ensemble « à l’échelle de la nation et du monde en s’appuyant sur son manifeste adopté en 2010 « Faire société ». Elle s’engage au quotidien à faire vivre les propositions et réflexions de ce manifeste dans ses positions publiques, sa propre politique, dans ses priorités et dans ses pratiques.
Aujourd’hui, au-delà de s’attacher à « Faire société », ne devons-nous pas agir pour « Faire Humanité » ?!
Arlette Tapiau-Dangla, Présidente de la ligue des Landes